Une
philosophie
pour
agir

Il est  toujours important de (re)situer la place que doit occuper une philosophie d’action dans un centre de jeunes tel que le nôtre. Au delà des débats et des consensus qu’elle peut susciter, elle doit avant tout, nous permettre de faire les choix nécessaires quant aux grandes orientations vers lesquelles notre MJ veut tendre. La pertinence de ces choix dépendra d’une part, du soutien de tous les acteurs impliqués de près ou de loin, mais d’autre part, de la mise en oeuvre « réalisable » des actions que nous voulons mener. Dans ce cadre, la philosophie d’action de notre MJ, soutendue par des valeurs humanistes ne se  définira pas  simplement comme une synthèse d’objectifs globaux que nous voulons poursuivre, mais  elle se constituera, à part entière, comme un outil de réflexion et d’analyse  à propos des enjeux sociaux auxquels nous sommes confrontés au quotidien. Et c’est en partant de là, que nos actions prendront tout leur sens.

Faire des choix …

C’est se donner les moyens intellectuels  et humains pour acquérir la capacité à prendre position à propos de l’évolution que prennent notre démocratie et… notre société.  A notre « humble » niveau, il s’agit d’amener les jeunes en parcours à la MJ , à aiguiser leur sens critique,  à développer leurs compétences à faire des choix et à leur permettre d’accéder à une citoyenneté participative dans ce monde.

Mais quand on a dit ça, on n’a rien dit.

De ce postulat, nous pouvons facilement déduire que notre philosophie d’action est loin de se réduire à l’analyse des « limites » de notre public. Il est dès lors crucial d’être profondémment au clair  sur tous les enjeux qui sous-tendent les actions  actuelles et futures au sein de notre MJ.
« La diversité n’est ni une bénédiction, ni une malédiction, c’est simplement une réalité, un constat. Le monde est une mosaïque aux innombrables nuances. Nos pays, nos provinces, nos villes sont de plus en plus à l’image de ce monde. La question n’est pas de savoir si nous pouvons vivre ensemble malgré nos différences de couleurs, de langues ou de croyances. La question est de savoir comment vivre ensemble, comment faire de notre diversité un avantage plutôt qu’une calamité » (Amin Malouf lors de son discours à Madrid, alors qu’il recevait le lauréat du prix Prince des Asturies des Lettres).

Analysons et créons …

Ce constat et la question qui l’accompagne symbolisent parfaitement l’environnement dans lequel notre centre de jeunes évolue. En effet, comment imaginer, planifier et mener des actions qui soient créatrices de liens sociaux? Créer des liens entre des gens qui ne se connaissent pas et des gens qui ne veulent pas nécessairement se connaître, c’est là que réside le défi que notre MJ doit sans cesse relever. Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de redéfinir le sens que nous donnons à cette valeur qui est au coeur de notre action, à savoir, le vivre ensemble.

Pour vivre ensemble, faisons des choses ensemble

Si nous voulons développer concrètement cette valeur sur le terrain, force est de constater que pour vivre ensemble, nous devons faire des choses ensemble. Ce défi, lorsqu’il est vécu au quotidien et mise en œuvre, nous oblige à surmonter des limites et des obstacles inhérents aux images simplifiées et stéréotypées que l’on a tous les uns sur les autres. Si nous voulons comprendre l’environnement dans lequel notre centre évolue, nous devons analyser ce qui est à l’oeuvre dans la construction de cette « image » que l’on se fait les uns des autres. Et si nous voulons dépasser cet obstacle, nous devons nous remémorer que rien n’est plus humain que de penser le monde en simplifiant les diverses communautés humaines qui le composent.

Paradoxalement, pour objectiver et développer ce propos, nous devons ramener les individus à leur plus simple expression. Leibniz définissait l’individu comme « un point de vue sur la ville »,( bien sûr, il précise que nous avons tous conscience que le monde existe, qu’il y a d’autres villes mais que nous sommes essentiellement des points de vue sur une ville). On peut déduire de cette conceptualisation de l’individu, que tout qui habite et vit à Liège a développé un point de vue qui est unique sur Liège. Pour Leibniz, la ville est l’environnement socio-économique et culturel dans lequel l’individu évolue, de sa construction identitaire au regard qu’il porte sur le monde.

Sauf qu’ à l’époque de Leibniz, il n’y avait pas de TV, pas d’internet. Le rôle que jouent aujourd’hui les masses-médias sur le point de vue qu’on se fait de l’autre, de sa ville ou du monde est de plus en plus prédominant chez les individus. Tel est un des aspects de la réalité sociale dans laquelle notre MJ évolue.

Il faut toujours garder à l’esprit qu’un centre de jeunes est un milieu ouvert: absolument rien n’oblige les jeunes à le fréquenter, encore moins venir y livrer leurs questionnements, leurs angoisses face aux incertitudes que ce monde leur renvoit. Car, de leur point de vue, en tant que belges liégeois de Sainte Walburge, ils ne peuvent s’empêcher de faire des liens entres l’augmentation des discriminations qu’ils vivent au quotidien et une certaine propagande islamophobe au service d’objectifs guerriers. Ils ne sont, en somme, qu’un point de vue sur un petit quartier de Liège qui ne sera entendu car trop rarement exprimé, par eux sur la place public.

On comprend mieux la place que peut prendre une petite MJ comme la nôtre: elle est peut-être un des seuls lieux où ces jeunes, débarrassés de toutes les étiquettes qui leurs sont accolées, peuvent exprimer librement leurs points de vue.

Pour conclure, nous pouvons ramener ce concept à la question que nous pose Amin Maalouf:
comment faire pour que la diversité des points de vue qui anime notre centre de jeunes devienne un avantage au service des valeurs que nous défendons. La réponse est en chacun de nous, elle réside dans le sens que nous donnons à notre engagement dans une action sociale en tant qu’individu. Chercher à y répondre collectivement est le seul moyen de construire un « nous » positif. Un « nous » dans lequel chaque acteur, quel que soit son degré d’implication, va pouvoir, à son niveau, contribuer à un meilleur vivre ensemble pour notre ville.

Différents mais ensemble, avançons !

Pour conclure, nous pouvons ramener ce concept à la question que nous pose Amin Maalouf.
Comment faire pour que la diversité des points de vue qui anime notre Centre de Jeunes devienne un avantage au service des valeurs que nous défendons. La réponse est en chacun de nous, elle réside dans le sens que nous donnons à notre engagement dans une action sociale en tant qu’individu. Chercher à y répondre collectivement est le seul moyen de construire un « nous » positif. Un « nous » dans lequel chaque acteur, quelque soit son degré d’implication, va pouvoir, à son niveau, contribuer à un meilleur vivre ensemble pour notre ville.