Au nom du procureur du R.O.I.
Eh oui, c’est en son nom, quand vous transgressez une loi, que les foudres de la justice vous tombent sur la tête. Bien que les tribunaux portent en eux, le lourd fardeau que représente le symbole qu’est « la justice », ils sont souvent loin de l’être, je veux dire « juste ».
La justesse n’est peut-être pas de ce monde mais nous pouvons toujours nous en approcher. C’est ainsi qu’à la Maison des Jeunes de Sainte-Walburge à Liège, quand le besoin de se mettre d’accord sur des règles de base pour vivre ensemble est devenu indispensable pour continuer à fonctionner, l’équipe a proposé aux jeunes un jeu de rôle basé sur la structure d’un vrai tribunal; le vrai nom de l’animation étant « le jeu du tribunal ».
Cela a commencé par une affiche destinée aux jeunes qui fréquentent l’accueil : « suite à la demande de fermeture de la Maison des Jeunes par l’équipe, le tribunal de la MJ siégera le… » Nous avons demandé au préalable à 6 jeunes de l’accueil (dont trois membres du CA) de prendre le rôle des avocats de la défense. Pourquoi 6 ? Car nous voulions mettre 6 dossiers à l’épreuve de ce tribunal et voir ce qui en sortirait.
Ensuite, le but du jeu a consisté à ce que nous placions 1 président (un jeune de préférence) et deux vice-présidents à qui nous avions donné toute autorité, tandis que l’équipe a joué le rôle du procureur du R.O.I.. Les bases du dialogue et de la négociation étaient lancées.
Les différents dossiers qui ont été débattus sont : les joints à la MJ, l’accès des filles aux activités de la MJ, l’accès des plus petits, la carte de membre, le vandalisme, le vol du matériel.
Et je dois dire, que débat il y eut, chaque dossier a été pris séparément et les procureurs s’en sont donnés à coeur joie; toutes ces petites et grandes règles qui font que le vivre ensemble est possible, se discutent en grand groupe et non plus au cas par cas.
Les jeunes ne se sont pas laissés faire: tour à tour, ils ont défendu leurs dossiers à coups de propositions en allant même jusqu’à accuser l’équipe de ne pas jouer son rôle de garant de la règle; à l’équipe de répondre qu’elle n’était pas outillée par rapport à certains jeunes particulièrement difficiles et que la règle était entrain de se construire au travers de ce tribunal. Il faut dire que nous étions prêts à fermer réellement la Maison des Jeunes de manière symbolique (1 semaine, peut-être plus) si nous n’étions pas tombés d’accord. Nous avions également insisté sur le fait que tout ce qui allait se décider dans ce tribunal serait d’application dans les faits.
Nous avons pu obtenir le consensus sur tous les dossiers, certains comme les joints sont autoappliqués par les jeunes, d’autres comme l’accès des filles à la MJ continuent de se négocier; Je conclurai en disant que tout ce qui s’établit au travers du débat et de la négociation dure un temps certain,, Je dirais même un certain temps. Vous voyez, nous sommes bien loin de la figure répressive du véritable tribunal.